L'état comme objectivation de l'idée éthique: Platon et Hegel

AuthorN. N. Bobica
PositionMaître de conférences - Université "Danubius" de Galati
Pages27-31

Page 27

Dans l'histoire de la philosophie, Platon et Hegel sont vus comme les plus représentatifs théoriciens de l'étatisme, qui auraient eu se prononcer pour la suprématie absolue de l'Etat par rapport à la collectivité et à l'individu. Certains commentateurs vont encore plus loin, en considérant ces deux philosophes comme des inspirateurs des idéologies totalitaires du siècle passé. «La signification historique de Hegel- affirme par exemple K. R. Popper - peut se dégager du fait qu'il représente, dans une certaine mesure, l'anneau qui manque entre Platon et la forme moderne du totalitarisme. La majorité des totalitaristes modernes ne se rendent pas du tout compte que leurs idées trouvent les racines en Platon. Mais beaucoup d'entre eux savent qu'ils ont une obligation morale vis-à-vis de Hegel et ils se sont formés dans l'atmosphère viciée du hégélianisme.»

Pour soutenir ces appréciations, on fait référence directe aux textes de ces deux, notamment à l'ouvrage que Hegel consacre aux problèmes philosophiques du droit. L'Etat, affirme Hegel dans cet ouvrage, a sa justification en soi-même, représentant le bien absolu dans ce monde, et dont l'autorité doit être acceptée inconditionnellement par les individus. Il n'y a pas une plus grande obligation pour ceux-ci - continue-t-il - que celle de se soumettre à l'Etat. En ce qui concerne Platon, il va jusqu'à soutenir que dans un Etat idéal, l'intervention de celui-ci s'impose aussi dans la vie privée des individus, l'Etat prenant à sa charge les réglementations jusqu'aux plus petits détails des relations entre les parents et les enfants, et des relations entre les sexes.

L'Etat vu par Platon ou Hegel n'était pas l'Etat de leur temps, sinon chacun d'entre eux pensait à un Etat parfait, organisé conformément à la raison et aux besoins légitimes des individus, créé de manière qu'il puisse agir avec une efficience maximale en vue de promouvoir les valeurs authentiques de l'humanité.

Ensuite, on essayera de relever le vrai visage des conceptions politiques de Platon et Hegel, partant de la place que ils établissent à l'éthique dans l'organisation et le fonctionnement de l'Etat.

Pour la conception d`un Etat idéal, Platon part de l'idée fondamentale que chaque personne est, d'une manière ou de l'autre, capable de perfection et que cela peut s'acquérir par la valorisation de ce que les personnes ont de mieux en elles. Mais, pour y arriver, les individus ont besoin l'un de l'autre, d'où leur demande de cohabitation sociale, demande qui s'impose, à son tour, devant la constitution de la cité, c'est-à-dire de l'Etat. Mais, là, où les individus ont des relations permanentes de collaboration, l'institution de la justice est nécessaire et son rôle n'est pas seulement d'assurer l'équivalence des prestations réciproques, mais de mettre l'âme en accord avec eux-mêmes, et de contribuer, de cette manière, à l'acquisition du Bonheur, qui, selon l'argumentation de Socrate, n'est accessible qu'à celui qui pratique toujours la justice. En conséquence, la raison d`appartenir à la cité est d'agir au service de la justice.

Puis, le discours concernant la meilleure cité, qui constitue le sujet du dialogue de La République, commence avec l'analyse de ce que c'est et doit être laPage 28justice. Pour promouvoir conséquemment la justice, la cité...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT